Un
monotype, comme l'étymologie l'indique, est un seul
exemplaire à l'huile ou à l'encre, réalisé
sur une plaque de métal et imprimé sur le papier.
Chaque peintre adapte personnellement la méthode.
Un
découvreur du monotype fut le peintre anglais du XVIIIème
siècle: Alexander Cozens (1717-1786). Il se souvint d'une
réflexion de Léonard de Vinci qui voyait des formes
de feuillages et de ruisseaux dans les taches d'un vieux mur.
Pourquoi ne pas provoquer volontairement ces effets? La publication
illustrée de sa méthode en 1785 fut trouvée
ridicule mais ne fut pas sans influencer les grands maitres du
paysage romantique en Angleterre, comme Turner ou encore Constable.
Cette méthode presque tombée dans l'oubli, fut réinventée
par les surréalistes, en particulier Oscar Dominguez et
aussi Max Ernst.
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Louis
Troncy procède par une technique tachiste exploitant et orientant
les effets du hasard. Il travaille par pressions manuelles au verso
d'une feuille appliquée sur une planche enduite de peinture,
monochrome ou polychrome, sans dessin préalable. La main aveugle
trace les lignes axiales de l'oeuvre et sous la pression, plus ou moins
forte, la matière picturale réagit par ramifications,
créant ainsi des formes inédites. Le jeu de la paume et
des doigts ne doit durer que quelques secondes. La quasi instantanéité
des gestes manuels favorise l'unité de l'oeuvre. L'ébauche
encore informe met en valeur soit un ciel d'orage, soit des feuillages
ou des nuages... La main s'abandonne à une vivante inspiration.
Il y a deux conceptions du jeu des taches. certains privilégient
des formes sans allusion aux formes naturelles. D'autres, et c'est le
cas de Louis Troncy, préfèrent demander au hasard des
formes inédites rappelant les formes naturelles, nuages, vagues,
ruisseaux, feuillages, paysages, etc...
Le paysage imaginaire fait songer à une terre nouvelle, transfigurée
par la poésie puissante des quatre éléments, l'air
et l'eau, la terre et le feu.
"Plusieurs de ces paysages, reposant le regard, me semblaient
attendre une présence humaine".
A partir de 1998, Louis Troncy intervient à nouveau sur ses monotypes
originaux, par le biais du collage et de la reprographie numérique.
Sur un paysage imaginaire, réalisé par la méthode
du monotype, il opère le collage de figures issues de chefs d'oeuvre
incontestés du patrimoine pictural religieux.
La reprographie lui permet de peaufiner et de mettre au point l'image
à la manière d'un peintre classique utilisant des glacis
colorés ou des vernis. L'appareil numérique lui permet
d'intervenir sur les teintes des couleurs, et sur les valeurs et d'obtenir
ainsi une diversité d'effets surprenants.
Il en résulte une forme d'icône ou d'art sacré,
alliant tradition et modernité.
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